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Le pétrole


Souvent, lors de discussions, beaucoup témoignent avoir des difficultés à bien comprendre et à être en mesure d'expliquer les enjeux autour du pétrole. C'est vrai que ce n'est pas simple, que certains aspects de cette question sont techniques, que le sujet en règle général touche à des intérêts puissants et que l'imaginaire collectif de la majorité des habitants des sociétés occidentales est parsemé, comme pour tous les sujets, de fantasmes, de récits et de croyances pour le coup souvent en décalage avec le niveau de connaissance ou la réalité scientifique.

En tombant sur la vidéo ci-dessous, je me suis dis que c'était une bonne façon d'entamer ce sujet de façon claire, honnête et, je l'espère, pédagogique. J'ai en effet trouvé cette vidéo très pertinente et conforme à mes lectures sur le sujet.



Elle permet notamment de comprendre certains facteurs clefs de cet enjeu précis et la réalité de la situation :

Bien sûr, le sujet est loin d'être épuisé dans cette vidéo et certains autres facteurs clefs ne sont qu'effleurés voire pas abordés du tout.

Je propose donc d'en aborder quelques uns et d'en donner quelques explications.

La contrainte financière

Le pétrole nécessite des investissements colossaux pour permettre une production et une consommation plusieurs années plus tard et est donc très dépendant du système financier. Pour que cela fonctionne il faut un pétrole ni trop cher (sinon, la consommation chute, déstabilise le marché, provoque in fine un effondrement des prix et les investisseurs ne s'y retrouvent pas) ni trop bon marché (sinon, le retours sur investissements sont insuffisants ou trop longs à obtenir). Bref, il faut un système financier très stable et un marché du pétrole tout aussi stable et prévisible... ce qui est impossible dans le temps avec une ressource finie donc condamnée à s'épuiser. Par ailleurs, les marchés financiers sont intimement dépendants de la croissance car pour qu'un investissement soit rentable, il faut récupérer plus que ce que l'on a prété (les fameux intérêts). C'est ce qu'on appelle la création de valeur, donc la croissance. Exemple : en 2017, je produis 100 puis en 2018, je produis 102, j'ai donc 2% de croissance en un an... qui me permet de rembourser mes créanciers, les prèteurs / investisseurs. --> pas de croissance, pas d'investissement (et les keynésiens disent : pas d'investissements, pas de croissance). Bref, pas de bras, pas de chocolat.

Le modèle de rentabilité du pétrole

Ce modèle qui met en jeu les coûts de production comme les prix de vente repose sur la notion de Taux de Retour Energétique (TRE) ou, dit en anglais, Energy Return On Energy Invested (EROI) qui mesure le rapport entre l'énergie produite et l'énergie qu'il faut pour produire et vendre cette énergie. Et oui, comme toutes les activités humaines, produire de l'énergie du pétrole suppose de consommer de l'énergie avant d'obtenir et de consommer la première goute : phases de recherche, d'étude, de prospection, d'installation des moyens d'extraction, d'exploitation, de transformation, de transport, de distribution / vente... Et il est observé que ce taux est en chute constante : il faut toujours plus d'énergie pour produire la même quantité d'énnergie. Avec comme fatalité qu'à un moment donné, on arrive à consommer dans ces phases plus d'énergie qu'on en produit... et dans ce cas, on arrête car c'est de la pure perte. L'exemple criant non expliqué dans la vidéo est que le pétrole de schiste ou les sables bitumineux notamment américain qui ont permis de maintenir la croissance de la production ces dernières années consomme beaucoup beaucoup plus d'énergie et est beaucoup plus cher à produire que le pétrole conventionnel (en particulier le brut).

La dépendance au pétrole de toute l'économie mondiale

Les chercheurs ont observé une correllation (avec sans doute un lien de causalité réciproque) entre croissance économique et stabilité du marché du pétrole. Quand il il y a une crise du pétrole, cela provoque une crise économique. Et vice-versa. Dans cette dépendance, il faut aussi noter que toutes les productions d'énergie autre que le pétrole (le nucléaire, l'hydrolique, l'éolien, le charbon...) sont plus ou moins dépendantes du pétrole et ne sont possibles qu'en consommant une quantité de pétrole (exemple : acheminer l'uranium de l'Afrique à la France pour nos centrales nucléaires ne se fait pas en vélo, en voilier ou en char à voile ; extraire les minerais comme l'argent, qui vient à s'épuiser d'ailleurs, pour fabriquer les pâles d'éoliennes ne se fait pas la petite cuiller...)

Le climat

Même si nous étions capables d'extraire et de produire toutes les réserves mondiales, ce serait en terme d'émission de C02 et donc d'un point de climatique une véritable folie car nous engagerait dans des scénarios de saturation de l'atmosphère en gaz à effet de serre et de réchauffement mettant en péril non seulement l'humanité mais sans doute une très large partie du vivant.

Les principes de la thermodynamique

Ces principes s'appliquent à toutes les énergies et forment une loi scientifique qui s'impose et fait consensus et notamment deux principes fondamentaux :